The ICC is discredited when countries like France, fearing they're losing their grip on West African economies, manipulate it, writes Shannon Ebrahim.

Former Ivory Coast president Laurent Gbagbo arrives for the start of his trial at the ICC last month. His prosecution, says the writer, is an example of the abuse of the international court. File picture: Peter Dejong/EP.
Credit: EPA          


Recently I found myself sitting in an outdoor café in Rwanda’s capital Kigali, sipping South African wine and mulling over the continent’s problems.

My lunch companion was a senior official with Monusco, the UN’s peacekeeping force in the Eastern DRC, who has spent the better part of his career trying to keep the peace in Central Africa. Having fought the daily rape of women in the Kivus for years, with the knowledge the UN was largely powerless to stop it, my UN colleague was all for holding the perpetrators of human rights abuses on the continent to account for their crimes.

But we both knew that within days the AU Summit would rally its member states to take tangible steps to extricate themselves from the International Criminal Court (ICC). This is exactly what happened on January 30, with Kenyan President Uhuru Kenyatta, who is wanted by the ICC, leading the charge. While my UN colleague and I lamented the circumvention of international justice, we remain convinced the ICC has become so discredited Africans cannot possibly have faith in its ability to dispense justice impartially.

It is not just the targeting of African perpetrators, but the fact that the big powers – France in particular – have largely succeeded in manipulating the ICC to pursue its own strategic interests on the continent. The commencement of the trial of former Ivory Coast president Laurent Gbagbo in the Hague last month, after five years of incarceration, has brought the manipulation by France of the ICC to the fore. My UN colleague and I discussed how France had tried every trick in the book to neutralise Gbagbo, who came to power through democratic elections in 2000, and had sought to loosen France’s control over its former colony. Gbagbo had become the greatest threat to France’s domination not only of the Ivory Coast, but of the region, as his untying of the stranglehold of French corporations over the nation’s economy could be replicated across West Africa.

France allegedly planned five coups against Gbagbo, all of which failed, and France eventually dropped heavy ordinance on his presidential residence, using French special forces to capture him and his wife and hand them over to “their man”, Alassane Ouattara, backed by rebels assembled and armed by France.

It was former French president Nicholas Sarkozy who allegedly pushed for Gbagbo to be deported from the Ivory Coast and held by the ICC in the Hague in 2011. For five years ICC prosecutors investigated claims against him. Certain evidence brought against him by the prosecution in the pre-trial hearings was proven to be fabricated, with one video of his followers allegedly carrying out massacres having actually been shot in Kenya.

My lunch companion shared with me that it is no secret that George Soros, a major funder of the ICC, is a close friend of Ouattara and that France had funded most of the ICC’s investigations of Gbagbo.

In October last year, a presidential candidate in the Central African Republic, Pascal Bida Koyagbele, told me he had met chief ICC prosecutor Fatou Bensouda at an awards dinner in the Netherlands, where he was receiving the African Leadership Award. He asked her about Gbagbo and, according to Koyagbele, she had said: “There is nothing serious against Gbagbo, it’s political pressure coming from France and I can do nothing.” Koyagbele contends that Bensouda had lobbied France to be appointed ICC chief prosecutor.

The key to understanding France’s need to neutralise Gbagbo as a political force is that he was determined to relax France’s control over banking, insurance, transport, cocoa trading and energy policy in the Ivory Coast. In his short time in office he had invited companies from other countries to tender for government projects. Gbagbo was appalled by the gross overspending on French projects, such as the bridge France was to build in the capital Abidjan for 200 billion CFA francs, a contract he cancelled when the Chinese said they could build the bridge for 60bn CFA francs in 2002.

More importantly, up to today, France maintains its colonial pact with its former colonies whereby the French treasury controls their currencies, capital reserves, and trade and investment policies. Under the agreement between France and its former colonies on the creation of the CFA franc, the central banks of its former colonies are obliged to keep 80 percent of its foreign exchange reserves in an operations account held at the French treasury. This has made it impossible for countries to regulate their own monetary policies.

The challenge Gbagbo presented to the status quo was in fact the most serious challenge that has emerged to French domination of the region in the post-colonial period. His incarceration at the Hague was a solution of last resort, when all other means to neutralise him had failed.

Such is the agenda driving the ICC’s dispensation of justice, at least as far as Gbagbo is concerned.
La CPI s’est discréditée lorsque les pays comme la France, craignant la perte de leur emprise sur les économies de l'Afrique de l'Ouest, la manipulent.

Je me suis récemment retrouvée assise dans un café en plein air à Kigali, dans la capitale du Rwanda, sirotant du vin sud-africain en ressassant les problèmes du continent. Mon compagnon de déjeuner est un haut fonctionnaire de la MONUSCO, la force de l'ONU pour le maintien de la paix dans l'Est de la RDC. Il a passé la plus grande partie de sa carrière en mission de maintien de la paix en Afrique centrale. Après avoir combattu le viol quotidien des femmes dans le Kivus pendant des années et ayant réalisé l'incapacité de l'ONU à mettre fin à ce fléau, mon collègue de l'ONU s'est donné la mission de faire en sorte que les auteurs de violations des droits de l'Homme sur le continent répondent de leurs crimes.

Mais nous savions tous les deux que dans quelques jours le Sommet de l'UA rallierait ses Etats membres à prendre des mesures concrètes pour se retirer de la Cour Pénale Internationale (CPI). C'est ce qui s'est exactement passé le 30 Janvier par la voix du président kényan Uhuru Kenyatta, lui-même visé par la CPI, qui engagea la bataille. Bien que mon collègue de l'ONU et moi déplorons le contournement de la justice par la CPI, nous restons convaincus du fait que cette institution ayant ainsi perdu sa crédibilité, les Africains n'ont plus foi en sa capacité de rendre justice de façon impartiale.

Il ne s'agit pas seulement de ce que seuls les Africains sont ciblés par cette institution, mais aussi du fait que les grandes puissances, la France en particulier, ont sérieusement réussi à manipuler la CPI et à l'utiliser pour leurs propres intérêts stratégiques sur le continent.

L'ouverture à la Haye du procès de l'ancien président Ivoirien, Laurent Gbagbo, le mois dernier, après cinq ans d'incarcération, a mis à nu cette manipulation de la CPI par la France. Mon collègue de l'ONU et moi avons discuté de toute la manigance que la France avait mise en place dans le but de neutraliser Gbagbo qui est pourtant venu au pouvoir par des élections démocratiques en 2000, mais qui a cherché à réduire le contrôle de la France sur son ancienne colonie. Gbagbo est ainsi devenu la plus grande menace pour la domination de la France, non seulement sur la Côte-d'Ivoire, mais sur toute la région, étant donné que sa lutte pour le déliement de l'emprise des sociétés françaises sur l'économie de son pays pourrait faire tâche d'huile dans toute la sous région ouest africaine.

La France aurait planifié cinq coups contre Gbagbo qui ont tous échoué. Elle a finalement procédé par le bombardement de sa résidence présidentielle en utilisant les forces spéciales françaises qui ont par la suite capturé le président, sa femme et son fils pour les remettre à «leur homme», Alassane Ouattara; soutenu par les rebelles qui sont formés et armés par la France. L'ancien président français Nicolas Sarkozy aurait fait pression pour que Gbagbo soit transféré à La Haye en 2011. Pendant cinq ans, les procureurs de la CPI enquêtent sur les accusations portées contre lui. Certains éléments de preuve retenus contre lui par l'accusation dans les audiences préliminaires ont été prouvés fabriqués donc irrecevables. Une des vidéos diffusées et tenues comme preuves des massacres perpétrés par ses partisans serait en réalité une scène filmée d'un homme brulé vif au Kenya. Mon compagnon de déjeuner m'a informée qu'il n'est de secret pour personne que George Soros, un important bailleur de fonds de la CPI, est un ami proche de Ouattara et que la France a financé en grande partie les enquêtes de la CPI contre Gbagbo.

Un candidat à la présidence de la République centrafricaine, Pascal Bida Koyagbele, m'a dit qu'il avait rencontré le procureur en chef de la CPI, Fatou Bensouda en octobre de l'année dernière lors d'un dîner de remise de prix aux Pays-Bas, cérémonie au cours de laquelle Pascal Bida lui-même recevait le prix de leadership africain. A cette occasion donc, M. Koyagbele a demandé à Fatou Bensouda son avis sur le cas Gbagbo. Selon Koyagblele toujours, elle a donné la réponse suivante :

<< il n'y a rien de sérieux contre Gbagbo, c'est juste une pression politique venant de la France et je ne peux rien faire. >>

Koyagbele soutient que Bensouda avait sollicité le soutien de la France pour sa nomination comme procureure en chef de la CPI.

La raison de la nécessité pour la France de neutraliser la force politique qu'est Gbagbo est qu'il était déterminé à défaire l'emprise de la France sur la banque, l'assurance, le transport, le commerce de cacao et sur la politique de l'énergie en Côte-d'Ivoire. Durant le court laps de temps de son régime, il avait invité des entreprises d'autres pays à participer aux appels d'offres pour les projets du gouvernement. Gbagbo était dépassé par les couts très élevés des projets exécutés par les entreprises françaises. Par exemple, pour la construction d'un pont, les français demandaient 200 milliards de francs Cfa. Gbagbo s'est donc détourné des Français au profit des chinois qui ne demandaient que 60 milliards de francs Cfa et ceci en 2002.

Plus important encore, jusqu'à ce jour, la France maintient son pacte colonial avec ses anciennes colonies. Selon les termes de ce pacte, le Trésor français a le contrôle de leur monnaie, des réserves de capitaux et des politiques commerciales et d'investissement. Selon l'accord entre la France et ses anciennes colonies sur la création du franc CFA, les banques centrales de ses anciennes colonies sont obligées de garder 80 pour cent de leurs réserves de change dans un compte d'opérations tenue au trésor français. Cela a rendu impossible pour ces pays africains la mise en place de leurs propres politiques monétaires.

Le défi que Gbagbo a opposé à cette situation d'esclavage a été en fait le plus grand défi qu'a connu la domination française dans cette région depuis la période postcoloniale. Son incarcération à La Haye est donc une solution de dernier recours, quand tous les autres moyens pour le neutraliser ont échoué.
Telle est la mission assignée à la CPI dans la dispensation de la justice en ce qui concerne le cas Gabgo.

(Soucre : The Star)

Une traduction en français par le camarade Athanase Sessegnon, porte parole de la représentation FPI d'Afrique du Sud. Remerciement spécial a l'ambassadeur Abié Zogoué.
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