lundi 30 décembre 2013

L'Origine de "la doctrine de la Trinité"


Si l'on trouve cette coïncidence générale entre les systèmes de Babylone et de Rome, on se demande est-ce
tout? Nous répondons: bien loin de là. – Comparons seulement les anciens Mystères Babyloniens au système
de Rome et nous verrons combien l'un a emprunté à l'autre. Ces mystères furent longtemps enveloppés de
ténèbres; mais aujourd'hui ces ténèbres épaisses commencent à se dissiper. Tous ceux qui ont prêté la moindre
attention à la littérature de la Grèce, de l'Égypte, de la Phénicie ou de Rome, savent quelle place les Mystères
occupaient dans ces pays; ils savent aussi que malgré des diversités secondaires, ces mystères étaient les
mêmes sur tous les points essentiels dans ces diverses contrées. Or, de même que les paroles de Jérémie déjà
citées semblent montrer que Babylone fut la source première de tous ces systèmes d'idolâtrie, ainsi les
déductions des historiens les plus compétents, basées uniquement sur des faits historiques, ont abouti à la
même conclusion1. Zonaras2 nous apprend que les témoignages des anciens auteurs qu'il avait consultés
amènent au résultat dont nous parlons, il nous dit en effet, à propos de l'arithmétique et de l'astronomie: "Ces
deux sciences, dit-on, sont venues des Chaldéens aux Égyptiens, et de ceux-ci aux Grecs." Si les Égyptiens
et les Grecs ont pris aux Chaldéens l'arithmétique et l'astronomie, du moment que ces sciences étaient des
sciences sacrées dont les prêtres avaient le monopole, cela prouve suffisamment qu'ils ont puisé leur religion
à la même source. Bunsen et Layard, dans leurs recherches sont arrivés au même résultat. Le premier déclare
en effet que le système religieux de l'Égypte venait d'Asie, "et du premier empire de Babel3". Layard à son
tour, quoique envisageant le système des mages Chaldéens à un point de vue plus favorable, parle ainsi de
ce système: "Il est évident que ce culte primitif remonte à une haute antiquité, et nous avons le double
témoignage de l'histoire sacrée et de l'histoire profane pour établir qu'il prit naissance chez les peuplades
Assyriennes. On lui donna l'épithète de parfait, et on crut que c'était le plus ancien des systèmes religieux,
antérieur même à celui des Égyptiens. (Egyptiis vero antiquiores esse Magos Aristoteles auctor est in primo
de Philosophia libro-Theopompi Frag)4. L'identité", ajoute-t-il, "de beaucoup de doctrines Assyriennes avec
celles de l'Égypte est indiquée par Porphyre et Clément", et toujours sur le même sujet il cite les passages
suivants de Birch sur les cylindres et les monuments de Babylone: "Les signes du Zodiaque montrent d'une
manière indubitable que les Grecs avaient emprunté aux Chaldéens leurs notions et leur disposition du
Zodiaque (et par conséquent leur mythologie qui lui était associée). L'identité de Nemrod et de la constellation
d'Orion ne peut être contestée5." Ouvaroff, lui aussi, dans son savant ouvrage sur les Mystères d'Eleusis est
arrivé à la même conclusion. Après avoir cité ce fait que les prêtres Égyptiens réclamaient l'honneur d'avoir
transmis aux Grecs les premiers éléments du polythéisme, il conclut ainsi: "Ces faits certains prouveraient
assez, même sans la conformité d'idées, que les Mystères transportés en Grèce qui s'y sont alliés à un certain
nombre de notions locales, n'ont jamais perdu le caractère de leur origine, qui remonte au berceau des idées
morales et religieuses de l'univers. Tous ces faits séparés, tous ces témoignages épars confirment ce principe
fécond en conséquences qui fait de l'Orient le centre de la science et de la civilisation6." Si nous avons ainsi
la preuve que l'Égypte et la Grèce ont emprunté leur religion à Babylone, nous avons aussi la preuve que le système religieux des Phéniciens sort de la même origine. Macrobe démontre que le caractère distinctif de
l'idolâtrie Phénicienne doit avoir été importé d'Assyrie, qui pour les écrivains classiques comprenait Babylone.
"Le culte de Vénus Architès, dit-il, florissait autrefois chez les Assyriens comme aujourd'hui chez les
Phéniciens7."

Or pour établir l'identité entre les systèmes de l'ancienne Babylone et de la Rome papale, il n'y a qu'à chercher à quel degré le système de la papauté s'accorde avec le système établi dans ces Mystères de Babylone. Dans une pareille recherche, nous avons à surmonter des difficultés considérables; car de même qu'en géologie, il est tout à fait impossible d'atteindre les couches profondes qui s'étendent sous la surface de la terre, ainsi il ne faut pas croire que dans aucun pays nous puissions trouver un exposé complet et harmonique du système qui y est établi. Mais cependant comme le géologue, en examinant ici l'intérieur d'une fissure, là une éminence, ailleurs les différents aspects de la surface elle-même, peut déterminer, avec une merveilleuse certitude, l'ordre et les contenus généraux des différentes couches de toute la terre, il en est ainsi pour laquestion des mystères Chaldéens. Ce qui manque dans un pays est fourni par un autre, et ce qui apparaît dans plusieurs directions, détermine nécessairement le caractère de bien des faits qui ne se montrent pas directement au grand jour. Étant donc admis l'unité et le caractère Babylonien des anciens Mystères de
l'Égypte, de la Grèce, de la Phénicie, et de Rome, prenons ces deux traits pour la clef qui doit nous guider
dans nos recherches, et comparons point par point la doctrine et la pratique des deux Babylones, celle de
l'Ancien et celle du Nouveau Testament.

Nous remarquerons, en premier lieu, l'identité des objets de culte de Babylone et de Rome. Les anciens
Babyloniens, exactement comme les Romains modernes, croyaient formellement à l'unité de la Divinité; et
tout en adorant une infinité de divinités secondaires, qui, disait-on, possédaient une certaine influence sur les
destinées humaines, ils reconnaissaient distinctement l'existence d'un seul Créateur infini, et tout-puissant,
élevé au dessus de tout8. La plupart des nations faisaient de même. "Dans les âges reculés de l'humanité, dit
Wilkinson dans les « Anciens Égyptiens », on semble avoir cru généralement à une divinité unique et toute-
puissante qui a créé toutes choses; la tradition apprit aux hommes les mêmes notions sur ce sujet, notions qui
plus tard ont été adoptées par toutes les nations civilisées9." "La religion Gothique, dit Mallet, enseignait
l'existence d'un Dieu suprême, maître de l'univers auquel, disait-on, tout obéissait, tout était soumis" (Tacite
de Morib. Germ.). L'ancienne mythologie de l'Islande l'appelle "l'auteur de tout ce qui existe, l'Être éternel,
vivant et terrible, celui qui scrute les choses cachées, l'Être qui ne change jamais". Elle attribue à cette divinité
"un pouvoir infini, une connaissance illimitée, une justice incorruptible10". C'était là aussi, nous en avons des
preuves, la foi des anciens Hindous. Bien que le moderne Brahmanisme reconnaisse des millions de dieux,
les livres sacrés des Hindous montrent qu'autrefois il n'en était nullement ainsi. Le major Moor dit, en parlant
de Brahma, le Dieu suprême des Hindous: "Aucune image ne peut le représenter, lui dont la gloire est si
grande. Il éclaire tout, réjouit tout, de lui viennent toutes choses! C'est lui qui fait vivre les êtres vivants, c'est
à lui que toutes choses reviennent." (Veda)11. Dans les décrets de Manou il est ainsi caractérisé: "Celui que
l'esprit seul peut percevoir: dont l'essence échappe aux organes sensibles, qui est invisible, qui exista de toute
éternité: l'âme de tous les êtres, qu'aucune créature ne peut concevoir12." Dans ces passages, il y a quelques
traces de panthéisme, mais le langage même témoigne qu'il y a eu parmi les Hindous une période où la foi
était beaucoup plus pure.

Non seulement les Hindous célébraient hautement les perfections naturelles de Dieu, mais il est certain qu'ils
connaissaient parfaitement son caractère miséricordieux, tel qu'il se manifeste dans ses relations avec un
monde coupable et perdu. C'est ce qui apparaît clairement dans le nom même de Brahm qu'ils ont donné au
Dieu unique, éternel et infini. On s'est livré à bien des spéculations peu satisfaisantes sur le sens de ce nom;
mais si l'on considère avec soin les différentes citations relatives à Brahm, il devient évident que ce nom n'est
autre chose que l'Hébreu Rahm avec le digamma préfixe, très usité dans les mots sanscrits dérivés de l'Hébreu ou du Chaldéen. Rahm en hébreu signifie "le miséricordieux ou le compatissant13". Mais Rahm signifie aussi le ventre14 ou les entrailles, comme siège de la compassion.

Or on parle de Brahm, le seul Dieu souverain, dans un langage tel qu'on ne peut l'expliquer à moins de
supposer que Brahm avait la même signification que le mot Hébreu Rahm. Ainsi, nous voyons que le dieu
Crishna, dans l'un des livres sacrés des Hindous, affirmant sa dignité souveraine, sa divinité et son identité
avec le Dieu suprême, se sert des expressions suivantes: "Le grand Brahm est mon sein, dans lequel je place
mon foetus; c'est de lui que procèdent toutes choses. Le grand Brahm est le sein de toutes les formes diverses
qui sont conçues dans chaque sein naturel15." Comment aurait-on jamais pu appliquer un pareil langage au
"suprême Brahma, le Dieu Très-Haut, l'Être divin, au-dessus de tous les autres dieux; sans généalogie, le
Seigneur tout-puissant, Dieu des dieux, le Seigneur universel16" sinon à cause de cette analogie entre Rahm
"les entrailles", et Rahm "le miséricordieux"? Nous voyons donc que Brahm est exactement le même que "Er-
Rhaman17" le Tout miséricordieux, titre appliqué par les Turcs au Très-Haut, et que les Hindous, malgré leur
profonde dégradation religieuse, avaient autrefois reconnu que le Très-Saint, le Très-Haut est aussi le Dieu
de miséricorde, en d'autres termes, qu'il est un Dieu juste et Sauveur18. En développant cette interprétation
du nom de Brahm, nous voyons que leur croyance religieuse concernant la création coïncidait exactement
avec le récit de l'origine de toutes choses tel qu'il se trouve dans la Genèse. On sait que les Brahmanes, afin
de se faire valoir comme une caste sacerdotale à moitié divine, devant laquelle toutes les autres devaient se
prosterner, ont longtemps prétendu que, tandis que les autres castes venaient des bras, du corps, des pieds de Brahma (le représentant visible et la manifestation de l'invisible Brahm avec lequel il s'identifiait) eux seuls
étaient issus de la bouche du Dieu Créateur. Or, nous trouvons dans leurs livres sacrés des déclarations qui
prouvent que jadis on enseignait une doctrine toute différente. Ainsi, dans l'un des Védas, il est dit
expressément, à propos de Brahma: "toutes choses sont créées par sa bouche19". Dans ce passage on a essayé d'obscurcir le sujet: mais si on le rapproche du sens du nom de Brahm que nous avons déjà donné, qui peut douter du sens précis de cette citation, bien qu'elle soit opposée aux orgueilleuses et exclusives prétentions des Brahmanes? Elle veut dire évidemment que celui qui depuis la chute s'était révélé à l'homme comme étant le Miséricordieux20 et le Dieu qui fait grâce (Exode XXXIV, 6) était en même temps connu comme le Tout-puissant qui au commencement "parla, et la chose fut faite, commanda, et toutes choses comparurent, et qui fit toutes choses par sa parole puissante". – Après ce que nous venons de dire, tout lecteur qui consulte les "Recherches Asiatiques", vol. VII, p. 293, peut voir que c'est en grande partie par suite d'une falsification criminelle du titre divin de Seul Dieu vivant et vrai, titre qui aurait dû être si cher aux pécheurs, que surgirent toutes les abominations morales qui rendent si odieux au regard de la pureté les symboles païens des temples Hindous21.

L'idée Babylonienne de l'unité divine était tellement idolâtre, que Jéhovah le Dieu vivant blâmait sévèrement
son peuple de la partager à quelque degré que ce fût: "Ceux qui se sanctifient et qui se purifient au milieu des
jardins, d'après les rites d'Achad22, mangeant de la chair de porc, des choses abominables et des souris, seront consumés tous ensemble" (Ésaïe LXVI, 17). Dans l'unité de ce Dieu unique des
Babyloniens il y avait trois personnes, et pour symboliser cette doctrine de la
Trinité, ils employaient, comme le prouvent les découvertes de Layard, le
triangle équilatéral, absolument comme l'Église Romaine le fait de nos jours23.
Dans les deux cas une telle comparaison est injurieuse pour le Roi Éternel, et ne
sert qu'à pervertir les esprits de ceux qui se la permettent comme s'il y avait ou
s'il ne pouvait y avoir aucune ressemblance entre une pareille figure et celui qui
a dit: "à qui comparerez-vous Dieu, et à quoi le ferez-vous ressembler?" (Ésaïe XLVI, 5).

La papauté a dans quelques-unes de ses églises, comme par exemple dans le monastère
des Trinitaires de Madrid, une image du Dieu en trois personnes, avec trois têtes sur un
seul corps24. Les Babyloniens avaient quelque chose de similaire. Dans son dernier livre, M. Layard
donne un spécimen de cette triple divinité qu'adoraient les anciens Assyriens25 (fig. 3).
La gravure ci-dessous (fig. 4) d'une autre divinité qu'adoraient les païens de la Sibérie,
est empruntée à une médaille du Cabinet impérial de St-Pétersbourg et donnée dans le "Japhet" de Parson26.

Les trois têtes sont arrangées autrement dans le spécimen de Layard, mais toutes les deux sont évidemment
destinées à symboliser la même grande vérité, bien que toutes ces représentations de la Trinité avilissent les
idées de ceux parmi lesquels on trouve ces images, au sujet de ce mystère sublime de notre foi. Dans l'Inde,
la divinité suprême est aussi représentée de la même manière dans l'un des temples les plus anciens de ce
pays; elle a trois têtes sur un seul corps et porte le nom de "Eko Deva Trimurti27", "un Dieu à trois formes".
Au Japon, les Bouddhistes adorent leur grand dieu Bouddha avec trois têtes, sous la même forme et sous le
nom de "San Pao Fuh28". Toutes ces images existaient depuis l'Antiquité. Tout en étant empreinte d'idolâtrie, la notion d'une Trinité était universelle chez toutes les nations anciennes du monde: cela montre combien était profondément enracinée dans l'humanité la doctrine originelle qui vient si manifestement de la Genèse29. Les symboles de la figure de Layard dont nous avons parlé, sont très instructifs si on les examine attentivement. Pour lui, le cercle de cette figure signifie "le temps illimité". Mais il est évident que le sens hiéroglyphique de ce cercle est bien différent. En Chaldéen un cercle se dit Zéro30; et Zéro signifie aussi la semence. Aussi, d'après le génie du système mystique des Chaldéens, qui était dans une large mesure fondé sur des mots à double sens, ce qui pour le vulgaire était simplement un Zéro, "une circonférence", était pour les initiés Zéro "la semence". Maintenant si on considère à ce point de vue l'emblème triple de la Divinité suprême des Assyriens on voit clairement quelle avait été à l'origine la foi patriarcale. Tout d'abord, il y a la tête du vieillard, puis il y a le Zéro, ou le cercle, c'est-à-dire la semence; enfin, les ailes et la queue d'une colombe31, tout cela montre, d'une manière blasphématoire, l'unité du Père, de la semence ou du Fils, et du Saint-Esprit. Telle était la manière dont l'idolâtrie païenne avait tout d'abord représenté le Dieu en trois personnes, cette représentation avait duré même après Sennachérib; mais il n'en est pas moins certain qu'à une époque plus reculée, les notions Babyloniennes de la Divinité s'étaient profondément modifiées; et les trois personnes étaient devenues le Père Éternel, l'Esprit de Dieu incarné dans une mère humaine et le divin Fils, fruit de cette incarnation.

ALEXANDER HISLOP LES DEUX BABYLONES ou IDENTITÉ DE L'ÉGLISE ROMAINE ET DU CULTE DE NEMROD ET DE SÉMIRAMIS ILLUSTRÉ DE 61 GRAVURES Traduit de l'anglais PAR J. - E. CERISIER, pasteur. Les éditions Fischbacher.



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